Selon la femme en tête du département 2D du studio canadien Rodeo FX, les étudiants qui auraient accès au marché du travail avant la fin de leur formation bénéficieraient d’une meilleure compréhension des demandes en entreprise.

Nathalie Girard s’est prononcée à propos d’une enquête réalisée par SYNTHÈSE – Pôle Image Québec au sein de trois secteurs de l’industrie québécoise du numérique (effets visuels et animation, jeu vidéo et expériences numériques immersives), dont les résultats ont été dévoilés au mois de décembre 2021.

L’enquête « Travailler en création numérique : Évolution des métiers graphiques 2D-3D et enjeux de formation » dresse une analyse des enjeux de l’adéquation entre la formation et les emplois afin de voir les points de friction entre les entreprises et les établissements d’enseignement. Une des pistes de réflexion proposée par les chercheurs titulaires de l’enquête est de valoriser davantage les stages en entreprise.

Selon l’étude, les apprentissages réalisés sur le marché du travail permettraient aux étudiantes et étudiants, entre autres, de se familiariser avec les processus de production et les flux de travail, de même que de développer les habiletés et le savoir-être inhérents à leur travail, et enfin d’intégrer une équipe – un constat également partagé par la cheffe du département 2D de Rodeo FX.

« Quand ils sortent de l’école, les étudiants ne sont pas nécessairement prêts. C’est uniquement une fois qu’ils sont sur le plancher du travail qu’ils comprennent ce que ça représente, dit-elle. Faire un stage avant de finir leur formation, que ce soit un BAC ou un DEC, ça leur permettrait de se tremper les pieds, de comprendre à quoi les amènent ces études, et de vivre ce que c’est de travailler dans l’industrie en soi. »

Avoir des stages en entreprises permettrait aussi aux étudiants d’acquérir les compétences nécessaires pour exceller sur le marché du travail, insiste Nathalie Girard. « Ça ne suffit pas d’être juste créatif, pour avoir un beau résultat, il faut aussi être créatif dans la résolution de problème. »

Au-delà de valoriser l’apprentissage en entreprise, Nathalie Girard propose de faire valoir davantage à l’école les mérites des métiers en création numérique. Elle note qu’une des raisons pour lesquels les étudiants n’ont pas une image précise du travail en entreprise à la sortie de l’école est aussi dûe au fait que l’industrie des effets visuels n’est pas assez visible, que ce soit au plan de l’éducation ou de notre société en général.

« Chaque fois que quelqu’un me demande ce que je fais dans la vie, ils ne comprennent pas ! Même mon père n’a pas encore compris et ça fait plus de vingt ans que je travaille dans ce domaine, dit-elle. On ne met pas assez d’accent sur l’industrie, comme quoi ça peut être un cheminement de carrière de longue durée et à fort revenu, que l’on travaille comme créatif ou que l’on détienne un autre poste dans cet écosystème. »

Article publié en partenariat avec le Qui fait Quoi.